L’atelier s’articulera autour de deux thèmes, mais chacun de ceux-ci nécessitera d’explorer différentes pistes d’innovations possibles, en interne ou à l’international.
SESSION 1 : DIVERSIFIER LES MECANISMES DE FINANCEMENT A L’INTERNATIONAL
Pour les Etats de l’UEMOA, qui aspirent tous à l’émergence économique, le financement des plans nationaux de développement reste au cœur des préoccupations. Ces plans de développement mettent en exergue les secteurs et projets prioritaires.
En ce qui concerne le financement desdits projets, il requiert désormais, des Etats ainsi que de leurs partenaires financiers, plus « d’ingéniosité » en vue de mobiliser des ressources suffisantes et adaptées, aux meilleures conditions possibles.
La mondialisation des économies permet d’orienter les premières réflexions à l’international, celui-ci offrant une abondance de ressources, ainsi qu’une multitude de produits de financement.
Toutefois, les enjeux climatiques, au niveau planétaire, nous interpellent tous et militent pour l’identification de modes de financement propres. Au-delà de la responsabilité environnementale, le recours à ces modes de financement propres permet de diversifier les partenaires et autres investisseurs, et d’optimiser, dans une certaine mesure, les coûts des ressources levées. Quant aux exigences de reporting et d’impacts, elles contribueraient finalement à renforcer les mécanismes de suivi-évaluation au niveau des Etats.
La tendance est aujourd’hui au financement de projets à forts impacts et qui contribuent à rendre l’économie plus verte, plus numérique et plus inclusive.
De ce fait, l’action de tous, États, Autorités de tutelle, entreprises, secteur financier et investisseurs, devra consister à agir en faveur de l’atteinte des objectifs de développement durable, pour le bien des générations futures.
Dans le cadre de cette première session de l’atelier, les débats porteront notamment sur les volets ci-après :
- Les possibilités de financements sur les marchés financiers internationaux, à travers notamment :
- la réalisation d’emprunts obligataires sur les marchés financiers internationaux ;
- l’émission d’obligations vertes, sociales ou durables, pour le financement de projets verts, environnementaux ou sociaux ;
- l’émission d’obligations à impact social, pour financer des projets sociaux, tels que des programmes de santé publique ou de logements abordables.
(Il est rappelé que les obligations à impact social peuvent être émises par des gouvernements ou des organisations à but non lucratif).
- La levée de ressources dédiées auprès de partenaires financiers internationaux :
- la mobilisation de ressources pour le financement de secteurs spécifiés à l’avance (agriculture, ressource naturelle, économie numérique,…).
- les financements durables qui sont des prêts accordés par des banques ou des investisseurs, pour financer des projets verts, environnementaux ou sociaux.
Ces prêts peuvent être structurés de manière à inclure des conditions de remboursement spécifiques, en fonction de l’impact environnemental ou social du projet financé. Ils impliquent un reporting relatif à l’utilisation des ressources mises à disposition.
- la promotion de fonds dédiés, notamment les fonds d’investissement socialement responsables (ISR),qui sont des fonds d’investissement prenant en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement.
Ces ISR peuvent investir dans des entreprises qui ont des pratiques durables, ou dans des projets spécifiques, qui ont un impact positif sur l’environnement ou la société.
- Les partenariats public-privé (PPP)
Il s’agit de collaborations entre des gouvernements et des entreprises pour financer des projets d’infrastructure ou des services publics. Les PPP peuvent inclure des financements privés, des subventions publiques et des prêts à taux préférentiels.
- La finance islamique
Le marché mondial de la finance islamique est généralement segmenté en banques islamiques, assurance islamique « Takaful », microfinance islamique, obligations islamiques « Sukuk » et fonds islamiques. Globalement, ce marché connaît une croissance rapide, en raison des investissements importants dans les secteurs « halal », les infrastructures et les obligations Sukuk. Sa taille est d’environ 2 800 milliards USD.
L’un des avantages de l’émission de sukuk sur le marché financier international est la diversification la base d’investisseurs. Participent à ce type d’émissions sur le marché financier international les fonds arabes, le Groupe de la BID et les grandes banques du Moyen-Orient.
Ce mode de financement tend également à se développer dans la zone UEMOA. Un dispositif réglementaire y relatif a été adopté afin de faciliter son essor dans l’Union (Cf. instruction N°002-03-2018 de la BCEAO et règlement N°10 /2022/CM/UEMOA du 30 septembre 2022 de l’AMF).
Toutefois, il est nécessaire de s’assurer d’une bonne diffusion desdits textes en vue de leur appropriation par les acteurs du marché régional. En outre, il serait judicieux, à l’instar des pays occidentaux, d’envisager une révision fiscale afin de tenir compte de la particularité de ce mode de financement.
SESSION 2 : EXPLORER DE NOUVEAUX CANAUX DE MOBILISATION DE RESSOURCES DOMESTIQUES
Le marché régional de capitaux est l’une des principales sources de financement des Etats membres de l’UEMOA. A fin 2022, l’encours de la dette de ces Etats, sur le marché visé, était de l’ordre de 20 000 Mds FCFA.
En dépit de ce volume, les attentes des Etats vis-à-vis du marché restent nombreuses ; en témoigne le volume croissant de leurs émissions. La situation est justifiée par les besoins importants d’investissement des Etats, dont le premier réflexe est de recourir à leur marché naturel pour financer leur développement.
Au regard des ambitions nourries par les pouvoirs publics, il est légitime de s’interroger sur les moyens de renforcer leurs capacités à collecter davantage de ressources, aussi bien sur ce marché que par le biais de mécanismes internes appropriés. Il s’agirait dès lors de tendre vers une optimisation de la levée de fonds domestiques.
A ce titre, les débats porteront, entre autres, sur les aspects ci-après :
- Le développement et la diversification de la base d’investisseurs, sur le marché régional de capitaux.
Un objectif important sera de diminuer la dominance des banques comme principaux souscripteurs des titres émis. De ce fait, diverses actions visant à développer les marchés financiers et monétaires devront être menées. Il s’agira notamment de celles-ci-après :
- encourager les fonds émergents à investir dans l’Union ;
- faire participer les investisseurs internationaux aux émissions classiques, grâce à un roadshow en leur direction ;
- redynamiser le marché financier en général et le compartiment réservé aux PME en particulier ;
- poursuivre les actions visant à diffuser la culture boursière dans l’Union ;
- mener des actions auprès des Etats, afin que le marché soit utilisé pour les privatisations ;
- l’Euroclearabilité des titres émis sur le marché financier régional.
- Le développement de nouveaux produits, afin de rendre le marché régional plus attractif.
A ce titre, il pourra être envisagé :
- la réalisation d’obligations sociales, vertes et durables, qui permettrait d’attirer une certaine catégorie d’investisseurs dans notre zone ;
- la réalisation de Project bonds, afin de financer des projets d’envergure dans les domaines prioritaires (infrastructure, santé, éducation, énergie,…) ;
- la réalisation d’eurobonds libellés en F CFA, en vue de donner plus de visibilité à la zone, sur les marchés financiers internationaux ;
- la mobilisation de l’épargne de la diaspora, à travers l’émission d’obligations pour la diaspora (Diaspora Bonds) : les migrants présentent un potentiel énorme pour financer le développement. Ce mécanisme a déjà été testé avec succès par la Chine, le Japon, Israël, l’Inde et l’Ethiopie. Au demeurant, les conditions de taux sont plus favorables dans l’UEMOA, comparées aux pays du Nord.
- Le développement du private banking : cette épargne échappe souvent au marché local du placement et est généralement orientée vers la banque privée étrangère offshore.
Il y a une tendance à la fermeture de ce type de comptes de la clientèle non-résidente, pour des considérations de conformité. Il s’agira donc d’examiner les différents leviers potentiels, à mêmes d’attirer la clientèle concernée, et de rendre les investissements plus attractifs et plus sûrs.
- La mobilisation de l’épargne informelle : il est important de s’intéresser à cette épargne, qui représente une part importante de la monnaie en circulation dans les pays de la sous-région. Cette épargne échappe aux circuits traditionnels d’intermédiation qu’animent les banques. Face à cela, le mobile money se révèle comme un outil efficace de collecte de l’épargne publique au niveau des investisseurs individuels, comme on peut le constater en Afrique de l’Est.
- L’instauration de mécanismes internes de collecte des ressources : il s’agirait, pour les Etats, d’identifier des niches additionnelles de mobilisation de ressources. A ce titre, une taxe spécifique pourrait être appliquée à certains produits (alcool, tabac, …). Les Etats identifieraient les produits concernés, sous l’égide de la Commission de l’UEMOA, celle-ci veillant ensuite à une harmonisation des textes requis.
Lien d’inscription : https://form.jotform.com/232135751687562