Présentation de la BOAD sur les « pôles de compétitivité et clusters eau et énergie en Afrique » à l’occasion de la 11° édition du forum Eurafric à Lyon en France

PLAN DE PRÉSENTATION

Pages
1. PRÉSENTATION DE LA BOAD
2. ÉTAT DES LIEUX DES SECTEURS DE L’ÉNERGIE, DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT DANS LA ZONE UEMOA
3. INTERVENTIONS DE LA BOAD DANS LES SECTEURS DE L’ÉNERGIE, DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT
4. EXPÉRIENCE DE LA BOAD DANS LE FINANCEMENT DE PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ
5. PERSPECTIVES EN MATIÈRE DE FINANCEMENT DE PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ

NOVEMBRE 2011

I. PRÉSENTATION DE LA BOAD

– La BOAD est l’Institution commune de financement du Développement dans l’espace UEMOA qui comprend les huit (8) pays membres suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.

– Les Objectifs de la BOAD sont :
• Promouvoir le développement équilibré des pays de l’UEMOA ;
• Réaliser l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest ;

– Les Formes d’Intervention de la BOAD :
• Octroi de prêts directs à long et moyen termes ;
• Financements indirects et assistance aux petites et moyennes entreprises ;
• financements d’études de factibilité de projets ou études d’ingénierie ;
• Garanties d’emprunts obligataires ;
• Arrangements de financements bancaires ;
• Assistance technique aux Etats et à leurs institutions.

– Financements en 2010 : 38 opérations pour un total d’environ 273 millions d’Euros se répartissant comme suit :
• Secteur non marchand : 16 opérations pour 141 millions d’Euros (52%) ;
• Secteur public marchand : 4 opérations pour 41 millions d’Euros (15%) ;
• Secteur privé : 18 opérations pour 90 millions d’Euros (33%).

– Répartition catégorielle des engagements cumulés :
• Infrastructures modernes y compris le secteur de l’Énergie : 54% ;
• Développement Rural y compris le secteur de l’Eau : 16% ;
• Institutions financières et PME : 9% ;
• Autres activités productives : 21%.

– Le taux de décaissement est passé de 50% en 2009 à 70% en 2010.

– La BOAD évolue donc dans un environnement difficile maqué par des attentes d’ordre social aiguës et urgentes et des ressources concessionnelles rares. Pour relever ses défis, un Plan stratégique devant conduire l’Institution à des mesures allant dans le sens d’un véritable changement a été élaboré pour la période 2009- 2013. Ce Plan stratégique accorde une importance particulière aux secteurs de l’Énergie et de l’Eau, notamment les objectifs stratégiques suivants à atteindre en 2013 :
• Se positionner comme le spécialiste régional du financement du développement durable notamment des énergies renouvelables et du marché carbone ;
• Doubler au moins le volume annuel des lignes de refinancement octroyées qui concernent essentiellement les PME et les PMI ;

II. ÉTAT DES LIEUX DES SECTEURS DE L’ÉNERGIE, DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT DANS LA ZONE UEMOA
2.1. Cadre institutionnel et juridique

– Des agences de régulation du secteur ont été créées dans les pays où la gestion des secteurs de l’Énergie et de l’Eau a été privatisée. Il convient de souligner par ailleurs, qu’ils existent un cadre harmonisé pour le Droit des Affaires (OHADA) et des guichets uniques pour faciliter l’installation ou la création d’entreprise et promouvoir l’investissement privé.

2.2. Secteur de l’Énergie

– Faible taux d’accès à l’électricité (17% au niveau régional) ;

– Prix élevé de l’électricité, l’un des plus chers au monde (0,15 _/kWh), du fait d’un parc de production aux 2/3 thermique et utilisant des produits pétroliers de plus en plus coûteux. En effet, l’énergie hydraulique qui est relativement moins onéreuse que celle thermique n’est utilisée qu’à 7% de sa capacité, tandis que 500 millions de personnes en Afrique n’ont toujours pas d’accès à l’électricité ;

– Non application systématique de la vérité des prix, précarisant ainsi la situation financière des opérateurs publics d’électricité et constituant un lourd fardeau pour les finances publiques ;

– Faiblesses des investissements publics et privés dans le secteur ;

– Insuffisances institutionnelles et échec des réformes dans le secteur…

2.3. Secteur de l’Eau et de l’Assainissement

a) Secteur de l’Eau

– 32 millions de personnes non couvertes en (taux de couverture : 64%) ;

– Environnement institutionnel et réglementaire souvent inadapté au nouveau contexte de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) ;

– Manque de ressources adaptées au financement des secteurs de l’eau.

b) Secteur de l’Assainissement

– 67 millions de personnes non couvertes (taux de couverture : 24%)

– Absence généralisée et dysfonctionnement des stations d’épuration des eaux usées ;

– Très faible taux de couverture en service de collecte des ordures ménagères (globalement inférieur à 10%).

III. INTERVENTIONS DE LA BOAD DANS LES SECTEURS DE L’ÉNERGIE, DE L’EAU ET
DE L’ASSAINISSEMENT
3.1. Interventions dans le secteur de l’Énergie, de l’Eau et de l’Assainissement

– Dans le secteur de l’énergie, la BOAD a financé
• des projets de construction de lignes d’interconnexion des réseaux nationaux pour un linéaire de 1 400 km (Interconnexions Mali – Côte d’Ivoire, Ghana-Togo – Bénin, Niger – Nigeria, ….) ;
• Huit (08) projets d’électrification rurale et plusieurs projets de renforcement des moyens de production et de distribution sur les réseaux inter-États.

3.2. Interventions dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement

– Dans ce secteur, la Banque a financé 2 600 points d’eau modernes, 15 retenues d’eau et une quarantaine de projets d’approvisionnement en eau potable (AEP).

Malgré les efforts fournis par les Etats et la Communauté des Bailleurs de fonds dont la BOAD, les évolutions des taux de couverture des besoins en eau potable (eau de boisson salubre) et d’assainissement ci-dessous montrent qu’à ce rythme les OMD (76%) dans la Zone UEMOA ne seront pas atteints en 2015. En effet, il faudrait une intensification des actions de l’ordre de 59% pour espérer atteindre les OMD en 2015 en matière d’eau et assainissement.

3.3. Mise en oeuvre des actions opérationnelles de l’Initiative Régionale pour l’Énergie et le Développement (IRED)

– Pour résoudre la crise énergétique, l’UEMOA a défini une vision 2030 ambitieuse, à savoir « En 2030, l’ensemble des citoyens de l’Union accédera à une énergie à bas prix, au sein d’un vaste marché d’échanges d’énergie électrique intégré et harmonisé à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, produisant une énergie propre et s’appuyant sur un partenariat public-privé (PPP) dynamique »

– Les objectifs stratégiques de l’IRED sont :
• Accroître le taux d’électrification dans l’UEMOA de 30% (2012) à 100% (2020) ;
• Réduire le prix moyen du KWh de 0,12 Euros (2012) à 0,04 Euros (2020) ;
• Accroître la part des énergies renouvelable de 36% (36%) à 82% (2020).

– Pour rendre opérationnel l’IRED, la BOAD joue le rôle d’Agence d’Exécution. Pour ce faire, un dispositif de financement adéquat a été adopté comme suit :
• Fonds de Développement de l’Electricité (FDE) : fonds concessionnel de 762 millions d’Euros ouverts aux contributeurs institutionnels. Ce fonds a déjà fait l’objet d’engagements à hauteur de 265 millions d’Euros (35%) ;
• Fonds Infrastructure (FI) : Fonds d’Investissement Privé de 30 768 millions d’Euros dont une phase d’urgence de 7 milliards d’Euros, ouvert au secteur privé.

3.4. Déclinaison stratégique du Plan Stratégique de la Banque pour les secteurs de l’Eau et de l’Assainissement

– La déclinaison opérationnelle du plan stratégique 2009-2013 de la Banque nécessite un engagement de 152 millions d’Euros sur la période 2010 – 2013 couvrant environ 5% du coût total de l’ensemble des besoins estimés à 3 milliards d’Euros environ en investissement dans les secteurs de l’AEPA pour l’atteinte des OMD dans lesdits secteurs ;

– La contribution de la Banque permettra en 2013, l’accès à l’eau potable à 4 millions de personnes et l’accès à l’assainissement de base de 3 millions de personnes dans l’espace UEMOA.

– Pour atteindre les objectifs ci-dessus mentionnés dans les secteurs considérés, il est attendu du secteur privé, la mise en œuvre des projets d’assainissement des eaux usées et de gestion des déchets solides par le biais de PPP ;

IV. EXPÉRIENCE DE LA BOAD DANS LE FINANCEMENT DE PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ

Un pôle de compétitivité est, sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de financements, engagés dans une démarche partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un marché donné.
La BOAD a financé en décembre 2008, un projet de développement d’un pôle de compétitivité en Côte d’Ivoire dans le domaine des TIC et de la Biotechnologie dont il me plait de partager avec vous, les grandes lignes de son implémentation.
Projet de Zone franche de la Biotechnologie et des Techniques de l’Information et de la Communication (ZBTIC) à Grand Bassam en Côte d’Ivoire (Phase 1)

a) Objet et objectifs

Le projet a pour objet, l’aménagement de 120 ha de terrain, la création de VRD (Voiries et Réseaux Divers) y relatifs, la construction du siège de la société VITIB SA (Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie) et d’un « hôtel d’entreprises » à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire.
Il s’inscrit dans un programme de création d’une zone franche de la biotechnologie et des technologies de l’information et de la communication (TIC) à travers la mise en place d’infrastructures et d’un cadre juridique, institutionnel et fiscal attractif pour les entreprises desdits secteurs à Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Cette zone franche est destinée à accueillir essentiellement les entreprises de services spécialisées dans les TIC et la biotechnologie qui opéreront après l’aménagement et la viabilisation du terrain sous forme de BOT (Built Operate and Transfer).

L’objectif global du projet est de promouvoir la biotechnologie et les TIC en vue de soutenir la croissance économique de la Côte d’Ivoire et de la sous région.

Les objectifs spécifiques du projet sont :
• en 2015, 80 entreprises fonctionnelles sont installées sur le site et réalisent un chiffre d’affaires de 26 284 MFCFA ;
• en 2015, le nombre d’équipements informatiques et de logiciels exportés vers la sous région a augmenté de 5% ;
• en 2015, 1 350 emplois directs sont crées.

b) Coût et plan de financement du projet

Le coût hors taxe du projet (phase relative à l’aménagement de VRD) ressort 48,5 millions d’euros et est financé comme suit :
• BOAD : 19,8 millions d’Euros (41%) ;
• BIDC : 07,6 millions d’Euros (16%) ;
• Inde : 13,7 millions d’Euros (28%) ;
• Etat de Côte d’Ivoire : 07,5 millions d’Euros (15%).

Les conditions du prêt BOAD sont les suivantes :
• Taux d’intérêt Emprunteur : 8,5 % l’an ;
• Commission frais de dossier : 1 % flat, payable 50% aux négociations et 50% à la signature du Contrat de Prêt ;
• Durée : 15 ans dont 04 ans de différé ;

c). Résultats attendus

– introduire la Côte d’Ivoire et la sous région sur le marché des produits, services et contenus, et de soutenir la promotion de ces deux secteurs ;

– le nombre d’emplois directs dans le parc devrait passer de 1 350 en 2012 à 8 990 en 2021 et s’établissent à 20 000 en 2030.

d). Situation de l’Exécution du projet

– le projet est en cours d’implémentation. Les travaux de VRD sont réalisés environ à 40%. L’exécution du projet a connu un retard à cause de la crise sociopolitique que le pays a connue.

e). Avantages comparatifs

Les avantages comparatifs du projet par rapport à d’autres zones franches, notamment dans les pays maghrébins, sont :

– la mise à disposition gratuite du terrain aux entreprises alors qu’en Tunisie et au Maroc, des parcelles sont cédées respectivement à des prix moyens de 34 Dinars Tunisien (DT), soit environ 12 491 FCFA et 40 Dirhams (DH), soit 2 366 FCFA le mètre carré ;

– l’ouverture d’un guichet unique sur le site pour réduire les délais des formalités administratives et d’agrément des entreprises;

– les facilités de transport du fait de la proximité des plates formes aéroportuaires et portuaires d’Abidjan qui demeurent des hubs dans la sous région UEMOA ;

– l’exploitation et la gestion de la zone franche confiée à une entreprise de droit commun (VITIB SA) pour éviter les contraintes administratives.

Les entreprises attendues dans la zone franche sont : i) les multinationales à la recherche d’avantages comparatifs en terme de réduction des coûts de production (développement d’application, assemblage d’appareils électroniques, traitement et maintenance de bases de données, recherche et développements, call-center, etc.) ; ii) les PME et PMI locales exerçant dans les domaines des études et applications informatiques et bio, intégrations de solutions, ventes de matériels informatiques et réseaux et iii) les sociétés en création (Start up) intéressées par la mise en œuvre de projets innovants, de la phase d’incubation au démarrage de l’activité.

V. PERSPECTIVES EN MATIÈRE DE FINANCEMENT ET D’ACCOMPAGNEMENT DE
PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ

Le développement des Pôles de Compétitivités et Clusters Eau et Énergie dans l’UEMOA pourrait se faire suivant le principe de solidarité et de subsidiarité sur lesquels l’Union est bâtie. Ainsi on peut imaginer :
– Grand Bassam, la Capitale des TIC et de la Biotechnologie ;
– Bamako, celle de l’Énergie Solaire ;
– Ouagadougou, la capitale de l’Eau et des métiers liés à l’Eau ;
– Niamey, la capitale de l’Énergie nucléaire ;
– etc.

Dans le domaine de l’énergie solaire, les interventions futures de la Banque pourraient
concerner, entre autres, les activités suivantes quasi inexistantes dans la zone UEMOA :
• production, ingénierie et design des produits solaires : architectes, designers, bureaux d’études, fabrication et installation de systèmes solaires photovoltaïques, … et ;
• exploitation proprement dite (donneurs d’ordre) : centrales solaires, distributeurs de produits solaires, promotion de l’énergie solaire …
• fabrication et vulgarisation de produits solaires (ampoules, cuiseurs solaires, PV), aux fabricants de matériaux associés (onduleurs batteries, systèmes de fixation), etc.
• formation et création d’instituts dans le domaine Solaire, etc.

Dans les secteurs de l’Eau et de l’Assainissement, les interventions de la Banque pourraient se focaliser sur l’accompagnement des partenaires publics et/ou privés, initiateurs des pôles de compétitivité dans les domaines suivants :
• fabrique et/ou montage de matériels et d’équipements d’adduction d’eau (pompes électriques et manuelles, tuyauteries et accessoires de réseau, installations d’énergie solaire, etc.) ;
• systèmes innovants d’épuration des eaux usées et des déchets solides.

Les trois (03) types d’intervention suivants de la BOAD pourraient retenus pour le développement des pôles de compétitivité :

– Prêts aux États ou aux sociétés promotrices, d’exploitation et de gestion des pôles de compétitivité pour les travaux d’aménagement et de viabilisation des sites sur lesquels seront développés lesdits pôles ;

– Prêts directs aux sociétés privées, aux PME/PMI qui s’installeront dans les pôles aux conditions du guichet public marchand ou à travers le Fonds d’Investissement de l’IRED ou des lignes de refinancement (montants inférieurs à 1,52 millions d’Euros) ;

– Conseils, arrangement de financements.

Conformément à ses orientations stratégiques et à sa vision d’être en 2020 « une Banque de développement forte et de référence mondiale dans le marché commun régional », la BOAD devrait encourager et financer des pôles de compétitivité dans les secteurs de l’Énergie et de l’Eau à l’instar du pôle similaire qu’elle a financé en Côte d’Ivoire dans le domaine des TIC et de la Biotechnologie. Ce qui permettra d’assurer un développement durable des secteurs de l’Énergie, de l’Eau et de l’assainissement.